L’industrie automobile vit une révolution silencieuse. De plus en plus, les véhicules ne sont plus figés à leur sortie d’usine. Ils évoluent, s’adaptent, s’enrichissent… grâce à des mises à jour logicielles embarquées, parfois déclenchées à distance (Over-The-Air – OTA). Cette approche est au cœur du concept de Software Defined Vehicle (SDV).
Mais derrière cette flexibilité apparente se cache une complexité redoutable : chaque mise à jour peut impacter des fonctions critiques — ADAS, gestion énergétique, ergonomie conducteur, communication V2X… D’où la nécessité absolue de valider ces évolutions avant leur déploiement, dans un environnement sûr, fiable, et représentatif.
La simulation s’impose alors comme un outil incontournable pour anticiper les effets de ces changements. Non pas après coup, mais dès la phase de développement, dans une logique de validation continue.
Le SDV : un véhicule en perpétuelle évolution
Un Software Defined Vehicle repose sur une architecture modulaire, où les fonctions ne sont plus dépendantes du matériel, mais gérées par des blocs logiciels mis à jour régulièrement. L’ADAS d’un véhicule peut ainsi bénéficier d’une amélioration de son algorithme de détection sans intervention physique. La cartographie embarquée peut être enrichie. La gestion thermique optimisée selon la météo locale.
Ce modèle est extrêmement puissant : il permet aux constructeurs d’innover plus rapidement, de corriger des bugs à distance, et de prolonger la durée de vie fonctionnelle d’un modèle.
Mais il génère aussi un nouveau type de défi : chaque mise à jour logicielle devient une opération sensible, qui doit être testée non seulement sur ses fonctionnalités directes, mais sur ses effets systémiques.
Une mise à jour peut impacter bien plus qu’elle ne semble
Prenons l’exemple d’un correctif sur le système de régulateur de vitesse adaptatif. En apparence, la mise à jour n’affecte que la gestion des distances inter-véhicules. Mais en pratique, elle peut influencer :
- La perception de la scène routière (interprétation des capteurs)
- L’interaction avec le conducteur (affichage, alerte sonore)
- La stratégie de freinage ou d’accélération
- Le comportement en virage ou sous la pluie
Sans une validation globale, le risque est réel de générer des effets secondaires non détectés. La simulation permet ici de rejouer des centaines de scénarios critiques, de manière automatisée, sur des configurations de véhicule très diverses.
Simulation : le socle invisible de la validation OTA
Chez AVSimulation, la simulation est pensée comme un environnement de test à part entière, capable de :
- Reproduire fidèlement le comportement d’un véhicule réel, en fonction de ses capteurs, de sa dynamique, et de son environnement
- Simuler des cas d’usage complexes, y compris des scénarios extrêmes ou dangereux (freinage d’urgence, prise de décision en tunnel, intervention d’un piéton…)
- Vérifier que la mise à jour logicielle n’introduit aucune régression sur les fonctions existantes
- Identifier les effets croisés entre modules (par exemple, entre la perception caméra et la stratégie de guidage)
Des outils comme SCANeR™ permettent d’implémenter ces tests à grande échelle, dans une approche SIL (Software-in-the-Loop) ou HIL, selon le niveau de maturité du logiciel à tester.
Vers une validation continue dans la chaîne CI/CD
Le SDV impose un changement de culture dans les méthodes de développement. L’arrivée du logiciel comme composant central pousse à adopter des pratiques issues de l’IT : intégration continue, déploiement automatisé, tests unitaires et fonctionnels.
La simulation joue ici un rôle essentiel pour s’intégrer à la chaîne CI/CD du constructeur. Elle devient une brique technique qui permet, à chaque mise à jour logicielle, de :
- Déclencher automatiquement une batterie de tests scénarisés
- Comparer les résultats avec les versions précédentes
- Identifier des anomalies avant déploiement
- Gagner un temps précieux dans les cycles de validation
Cette logique est déjà utilisée dans d’autres industries (aéronautique, spatial, défense). L’automobile est en train de s’aligner, et la simulation en est l’un des piliers.
Un socle de confiance pour le futur du SDV
Les constructeurs le savent : la capacité à délivrer rapidement des mises à jour logicielles fiables deviendra un facteur différenciant majeur dans les années à venir.
Mais la rapidité ne doit jamais se faire au détriment de la sécurité, ni de la qualité d’expérience utilisateur. La simulation permet de créer cette zone tampon, où l’on peut tester, observer, affiner… avant d’exposer les usagers à de nouvelles fonctions.
Dans un contexte de normalisation croissante (ISO 26262, SOTIF, réglementation européenne sur les fonctions autonomes), elle devient la clé de voûte d’un développement agile mais rigoureux.
