La transformation du véhicule en Software Defined Vehicle (SDV) est en cours. Elle ne se limite pas à l’intégration d’un système d’exploitation ou à la mise à jour des fonctions via le cloud. Elle redéfinit la manière même dont les véhicules sont conçus, validés et maintenus. Dans cette mutation, la simulation prend une place centrale.
L’essor du SDV entraîne une explosion de la complexité logicielle, une interdépendance croissante entre les fonctions, et un besoin accru de validation en amont. Pour répondre à ces défis, la simulation ne peut plus être cantonnée à la fin du développement : elle devient un outil structurant, présent dès la conception.
Le SDV : un changement d’architecture, pas seulement d’interface
Dans un véhicule classique, chaque fonction (freinage, direction, éclairage…) dispose de son propre calculateur, développé indépendamment. Avec le SDV, les fonctions deviennent logicielles, centralisées, interconnectées. Elles s’exécutent sur des plateformes partagées et évolutives, souvent virtualisées.
Cela signifie que :
- Le même matériel peut héberger plusieurs fonctions
- Les mises à jour peuvent modifier le comportement du véhicule
- Les fonctions doivent coexister, coopérer, et rester sûres en toute circonstance
Dès lors, la validation ne porte plus uniquement sur une fonction isolée, mais sur l’interaction entre modules, dans des conditions variables et parfois extrêmes. C’est un contexte idéal pour la simulation.
La simulation : un environnement complet pour l’ingénierie SDV
Une plateforme comme SCANeR™ permet de simuler l’ensemble de l’écosystème du véhicule :
- Le véhicule lui-même, avec ses dynamiques, sa configuration et ses composants
- L’environnement : route, météo, signalisation, infrastructure V2X
- Les capteurs embarqués (caméras, lidars, radars), modélisés de manière réaliste
- Les fonctions logicielles, testées en SIL (Software-in-the-Loop) ou HIL (Hardware-in-the-Loop)
Cette approche rend possible la validation continue, tout au long du cycle de développement, bien avant les essais physiques. Elle permet aussi de tester des scénarios critiques, rares, voire dangereux, sans jamais exposer un prototype ou un humain.
Un levier pour développer plus vite, et plus sûr
Le SDV impose de nouveaux rythmes : déploiement OTA (over-the-air), mises à jour fonctionnelles fréquentes, évolutions logicielles post-livraison. Cela bouleverse le modèle classique du développement automobile, historiquement basé sur le V-cycle et de longues phases figées.
La simulation permet d’entrer dans une logique de test en continu :
- Chaque nouvelle version logicielle peut être testée en automatique sur des milliers de scénarios
- Des boucles de rétroaction peuvent être mises en place pour corriger rapidement les anomalies
- Les fonctions peuvent être validées avant même l’existence d’un prototype physique
C’est un gain majeur en termes de qualité, de délai et de coût.
Un outil de collaboration entre équipes métiers
Autre atout souvent sous-estimé : la simulation favorise le dialogue entre équipes.
- Les équipes logiciels peuvent valider leurs algorithmes dans un environnement réaliste
- Les spécialistes capteurs peuvent vérifier la perception dans des cas limites
- Les ingénieurs validation peuvent automatiser les tests dans des conditions complexes
- Les responsables sécurité peuvent intégrer des tests liés à ISO 26262 ou SOTIF
Tout cela sur une même plateforme partagée, interopérable, compatible avec les environnements HIL/SIL/Cloud, comme l’est SCANeR™.
Exemple d’application : intégration logicielle dans un SDV
Imaginons une fonction de régulation de vitesse adaptative, connectée au GPS, aux capteurs de perception et au système de freinage. Dans un véhicule traditionnel, chaque module aurait été testé séparément. Dans un SDV, la fonction peut être déployée dynamiquement, ajustée à distance, ou encore modifiée en fonction du pays de circulation.
La simulation permet ici de :
- Vérifier la compatibilité logicielle entre modules
- Simuler les réactions du véhicule en conditions réelles
- Analyser les effets de bord sur d’autres fonctions (freinage, direction, interface HMI)
- Tester différentes configurations matérielles sans changer le banc physique
C’est un accélérateur d’intégration et de fiabilisation, indispensable à l’échelle du SDV.
Vers des jumeaux numériques intelligents
Avec la montée en puissance de l’IA embarquée, du edge computing et des fonctions d’apprentissage, les véhicules deviennent capables d’évoluer au fil du temps.
La simulation ne sert plus seulement à valider un système figé, mais à accompagner un système en mutation.
Le concept de jumeau numérique prend alors tout son sens : une réplique virtuelle du véhicule, capable de reproduire ses comportements, d’anticiper ses réactions, et même d’intégrer des données terrain.
SCANeR™ permet d’aller dans ce sens, avec une architecture ouverte, capable de dialoguer avec des outils IA, des simulateurs de cloud, ou des bancs HIL intégrés.
Conclusion : la simulation, socle du SDV
La révolution Software Defined Vehicle ne pourra pas se faire sans simulation. Elle en est le socle technique, méthodologique et organisationnel.
Elle permet de repenser la validation, d’accompagner l’évolution continue des systèmes, et de garder la maîtrise d’une complexité croissante. Elle devient un langage commun entre métiers, un outil de vérité, et un accélérateur de qualité.
